Ce petit édifice roman se distingue essentiellement par ses remarquables
modillons du 12e siècle.
Son retable laisse supposer l’existence d’une église dès le Haut Moyen Age.
Selon un faux du 15e siècle, l’église romane actuelle aurait été construite
par Gaillard, seigneur de Mirandol, pour honorer les reliques qu’il avait
ramenées de Terre Sainte.
L’église se compose de deux corps de bâtiment accolés comportant une nef et
un chœur fermé par un mur droit.
Dans la partie sud, à l’entrée de la nef, subsistent deux chapiteaux à
entrelacs et palmettes caractéristiques de la seconde moitié du 11e siècle.
L"association, l’Etat et le Conseil général du Lot participent à la restauration et à l’entretien du patrimoine historique et architectural
Phase 1 :
Un édifice exceptionnel pour sa sculpture romane et ses décors peints
Blottie contre la falaise de Gluges, l'église Saint-Pierre-ès-Liens se distingue avant tout par une remarquable série de quatorze modillons romans, sculptés de motifs géométriques, figures animales (lièvre, lion, boeuf et chouette), humaines (une femme et trois hommes) ou hybrides (griffon et probable phénix). L'édifice a été construit au milieu du 12e siècle en lieu et place d'une église antérieure dont il ne reste aujourd'hui que quelques traces et deux chapiteaux en remploi.
En forme de "double boîte", l'église romane était composée d'une nef rectangulaire à deux travées, au départ voûtée en berceau plein cintre, et d'un choeur carré, identiquement voûté mais plus étroit et plus bas, percé de petites fenêtres aux arcs taillés dans des linteaux monolithes.
On retrouve localement de telles dispositions à Murel, Loupchat ou Mayrinhac-le-Francal, églises de tradition pré romane ou du premier âge roman. Mais ici la maçonnerie en pierre de taille et la qualité de la sculpture des modillons, très proche des grands tympans romans du Quercy, à commencer par celui de Carennac, interdisent toute datation avant le milieu du 12e siècle.
L'adoption d'un tel plan simple ne serait donc qu'un archaïsme ou un héritage de la première église de Gluges, probablement érigée au 11e siècle au même endroit, mais dont seuls témoignent encore un pan de mur et les chapiteaux remontés dans la nef, ornés d'entrelacs et de palmettes caractéristiques de la sculpture des années 1050 influencée par les centres de diffusion de Conques et Aurillac.
A la fin du 12e ou au début du 13e siècle, l'abri sous roche entre la falaise et le mur nord de la nef romane fut en parti loti par une chapelle seigneuriale, agrandie ensuite vers l'Est et dotée d'une voûte sur croisée d'ogives.
A l'Ouest, le presbytère a sans doute été aménagé dès les 16e ou 17e siècles ; sa façade renferme néanmoins la plus ancienne maçonnerie observable à Gluges, datant du 10e siècle, et appartenant alors non pas à une église mais une cave de maison.
Les murs intérieurs et extérieurs de l'église portent encore les traces de nombreux décors peints qui se sont succédés dans le temps : pig-ments ocre rouge sur les modillons et peinture noire dans le choeur datant sans doute du 12e siècle, faux appareil, bandes et feuillages colorés de l'époque gothique dans la chapelle et la nef, et, surtout, plusieurs litres funéraires échelonnées du 15e au 18e siècles, portant les armes des défunts seigneurs de Gluges, dont les Lasteyrie du Saillant et les Maynard-Lestrade.
Bien que classé parmi les Monuments historiques en 1913, l'édifice est parvenu dans un piteux état. Il fut en effet désaffecté du culte en 1858 et remplacé par une nouvelle église néo-romane, plus adaptée à la population croissante du 19e siècle.
La nef fut ainsi progressivement grignotée par le presbytère, les couvertures non entretenues remplacées par de la tôle ondulée, des fouilles sau-vages pratiquées illégalement au cours des années 1970 à la recherche d'un hypothétique trésor : tous ces évènements contribuèrent à la lente mais certaine dégradation de l'église.
Vue générale intérieure avant travaux
Une intervention destinée à ouvrir l'édifice au public
Les travaux de sauvegarde menés en 2008 font suite à la réalisation d'une étude archéologique commandée en 2006 par l'Association "Les amis de Gluges", portant à la fois sur le presbytère et l'église, et ayant permis de renouveler complètement la connaissance de l'édifice.
L'église ayant fermée depuis plusieurs années pour des raisons de sécurité, les interventions de
première urgence sont destinées à permettre sa réouverture au public.
Elles concernent tout d'abord la consolidation de la fenêtre sud du choeur qui est rompue et menace la stabilité de cette partie de l'édifice.
Le plafond plat en lattis de bois et plâtre, très dégradé et en partie effondré, doit être déposé et remplacé par un plafond en planches larges de peuplier.
Composé d'un dallage victime des fouilles clandestines, le sol fera l'objet d'une reprise et d'un complément par des pierres de même nature.
Enfin, la cloison réalisée sur la première travée de la nef pour agrandir le presbytère au début du 20e siècle, doit être démolie, afin de restituer l'ensemble du volume intérieur ; cette intervention sera complétée par des reprises ponctuelles sur les parements intérieurs.
Plan de l'église
Consulter le document original du conseil général
Pour avoir toutes les infos concernant le projet de restauration et réhabilitation du présbytère, vous pouvez consulter le dossier de présentation du projet
Consulter le dossier
Plan de l'église et du presbytère, avec mise en évidence des différentes périodes de construction (© Valérie Rousset, 2007).